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Coupe de l’America : ses secrets, son espionnage organisé
Ses secrets bien gardés, ses espions… Longtemps, la Coupe de l’America, voile élitiste prisée des milliardaires, a baigné dans une forme de paranoïa. Sur la 37e édition, les choses ont changé, les règles aussi. Maintenant, l’espionnage est même organisé.
Coupe de l’America à Barcelone
« Toc, toc, toc, c‘est pour une petite visite de votre base ! » En mars dernier à Barcelone, au culot, on est allé frapper aux portes de quelques-uns des défis engagés sur la Coupe de l’America. Chez le Defendeur néo-zélandais, l’affaire fut vite réglée, la base était complètement fermée, les Kiwis étaient encore en train de s’entraîner à Auckland.
Chez certains Challengers, l’accueil fut aimable. « Oui, il y a des visites de la base mais vous comprenez qu’on ne peut pas tout vous montrer ». Surtout pas l’essentiel, le bateau et le simulateur.
Photos interdites
Au sein du Défi français qui nous a accueillis pendant trois jours sans rien cacher, on nous avait juste prévenus : « Pas de photo sur la base. Pas de photo non plus des deux simulateurs. Si vous voulez des images, vous demandez, on vous les fait ».
Même s’il est révolu le temps où on envoyait des plongeurs, de nuit, photographier les dessous chics des grands monocoques, la Coupe de l’America reste un univers qui aime cultiver le secret. Ici, moins, on en dit, mieux c’est. Moins on en montre aussi.
Signe d‘une évolution tangible, les défis engagés ont, cette fois, tous accepté et financé un programme commun appelé « recon » (ndlr : comme reconnaissance) lancé par le tenant du titre néo-zélandais. Ce programme fonctionne selon des règles très strictes et concerne l’AC75 et l’AC40 modifié.
Chaque équipe doit décliner ses jours de navigation pour qu’on lui envoie un bateau suiveur sur lequel se trouvent un photographe et un vidéaste. Lors des sorties d‘entraînement, tout est photographié et filmé, sans aucune restriction, à condition de respecter une distance de 200 mètres. Le soir, un rapport, comportant à peu près tout ce qui s’est passé sur l’eau (nombre de manœuvres, de changements de voiles, d’arrêts, de problèmes éventuels, etc), est transféré dans un serveur accessible à toutes les équipes. « Ce « recon report » est une mine d’or pour nous », avoue Louis Viat, directeur des opérations du défi français.
Les marins tricolores passent du temps à regarder le recon des adversaires : ils y observent les détails des formes des foils, l’ergonomie du cockpit, la façon de manœuvrer, etc. Le recon fonctionne à Barcelone depuis des mois mais également à Auckland où se prépare le Defendeur néo-zélandais : « Fin juin, le recon s’arrête partout. Il sera trop tard pour lancer un quelconque développement pour un design de foils par exemple », explique Viat.
À Vannes, au chantier Multiplast où a été construit l‘AC75 tricolore sur plans néo-zélandais, un protocole très strict avait été mis en place. « Nous avons un accord de confidentialité avec Team Zealand qui nous a vendu son design package. Tant qu’ils n’avaient pas sorti leur bateau, ils n’avaient nullement envie que certaines choses se sachent », note Stéphane Kandler, patron du défi Français.
Le monocoque a été construit dans le plus grand secret dans le Morbihan avant d‘être convoyé jusqu’à Barcelone par camion, entièrement caché sous une immense bâche. Dans le port catalan, les équipes sont toutes installées dans la même zone portuaire mais chacun reste chez soi : «Il n’y a plus d’espionnage vicieux, on a tous signé en bas de la page pour respecter les mêmes règles», explique le Vannetais Quentin Delapierre, pilote du bateau français.
Le « recon programme » oui, l‘espionnage sauvage non.
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